Il m’est impossible d’expliquer pourquoi, A chaque fois, lorsque mon cœur se noie, Des mots viennent s’étaler sur le papier Sans que je parvienne à les contrôler...
J’ignore si tu perçois ma voix Fêlée, percée, sans décibel, Tout au moins ce qu’il reste d’elle, Mais ces quelques vers sont pour toi.
Tu n’as peut-être pas été Un père parfait, attentionné, En revanche en tant que grand-père, On ne peut rien te reprocher.
« Le pouce, l’index puis le majeur... » Tu nous les as appris par cœur, «... L’annulaire et l’auriculaire » Ça t’a rendu si souvent fier...
Mais hélas l’anneau à mon doigt Jamais tu ne le connaîtras : Tu es parti beaucoup trop tôt Et surtout bien trop vite pour moi.
Je veux que tu saches aujourd’hui Que ce manteau de bois durci Ne forme pas ton seul abris Mais une infime petite partie.
Tu peux rester plus que jamais Sur le petit îlot privé Qui, depuis que je te connais, T’a toujours été réservé.
Ce lopin de terre est en moi, A l’estuaire de mon cœur lourd, Lourd par la douleur qui je crois A tout jamais demeurera.
En associant à ma croissance Le préambule de ton silence Ton regard sombre et vieillissant M’a fait souvent haïr le temps…
Et moi je ne comprenais pas Que cette devise était pour toi Une façon de préparer Mes yeux d’enfant à te chercher...
J'aimerais tant que tu puisses lire Les mots qui coulent de mon stylo : Les larmes qu'ils versent viennent noircir Ce papier blanc à demi-maux...
Pour terminer, bien incapable de prononcer Un terme plus approprié Je te dirai tout simplement : Au-revoir pépé toi que j'aime tant !