Nos larmes, Ne sont que quelques gouttes d’eau Qu’on n’a pas su apprivoiser Ne sont que quelques gouttes en trop S’unissant dans une crue salée. Elles lavent nos yeux tellement usés, Usés à sang d’avoir trop vu, S’ils préféreraient rester fermés Ils s’offrent au monde, fragiles et nus.
Nos larmes, Elles font de nous des non-voyants Pour soulager nos yeux en pleurs, Nous redonnant cet air d’enfant Qu’on cherche à perdre au « champ d’honneur » : Ne pas ressentir l'impuissance Quand lentement on sent couler Ce sel de honte et de souffrance Se rassasiant d’âmes effondrées.
Nos larmes, Sont des élixirs d’eau souillée Qui ruisselant depuis tous temps Libèrent nos corps trop abîmés Pour garder du mal en dedans... Elles laissent un parfum douloureux De souvenirs mal enterrés Un sentiment de cœur houleux Un marque page sur le passé...
Nos larmes, Sans prévenir, elles n’implorent pas Lorsqu’elles projettent de s’évader Préfèrent nous mettre dans l'embarras En nous empêchant de parler. Pour qu’on ne puisse pas s’en cacher Elles savent nous incendier les yeux Pour qu’on ne puisse pas les renier Sur nos joues perdurent leur feu.
Mes larmes, Ne sont que quelques gouttes de toi Qu’il m’est défendu de garder Elles qui te répètent tout bas Combien il te faut m’oublier. Malgré leurs lueurs de sagesse Je me surprends brûlant de toi M’enveloppant de ta tendresse Malgré l'anneau d’or à ton doigt...
Mes larmes, Elles qui préfèrent se suicider Pour s’évader, fuir de mon corps Choisissent le plongeon à jamais Pour voir comment c’est au dehors : Sentir sur elles l'air qui fait vivre L'air que t’empruntes en respirant L'air qui a connu la route ivre De tes poumons et de ton sang.