Tu traînes ta peau et ton histoire Dans des bistrots, sur des trottoirs, Où tu espères te délester De souvenirs lourds et souillés Jonchant la mort de ta candeur Jusqu’au succès d’espoirs fugueurs… Ton nouveau toit ne peut ôter De tes entrailles ce froid qui danse… Ce vide témoigne de ton passé, De tes colères, de tes souffrances, De l’animal né pour saigner Ta vie, ta chair et ton enfance.
Depuis ton cœur, hors de portée, Se panse, « se soigne » des doléances De corps blessés, morts pour hanter Le bleu du ciel de leur potence, Et dont le sang vient maculer Le portrait pur de l’innocence ! Celle de ta sœur jeune et légère Ne t’a jamais préoccupée : Tu t’es sauvée laissant l’enfer Pour ta cadette condamnée A voir un jour, sur tout son corps, Des traces d’irréversible mort...
Et clôturée dans tes humeurs, Dans ta rancœur et dans tes gestes… Peur du passé évocateur De ces odeurs dont tu empestes ! Le cœur vidé par un seul homme : Un monstre, un père dont tu confesses Les vices honteux, ton corps de môme Couvert de plaies et de détresse…
Ta petite sœur, huit ans et demi "Par accident" tira sur lui... Sous le divan était rangée Une arme à feu restée chargée... Triste incident en a-t-on dit Même les jurés n’ont rien compris. La mère absente et « sans prunelle » Pleure, se lamente... lui si fidèle... La voilà seule dans l’ignorance D'une innommable pénitence... Pas un seul doute, pas un seul tort Ne la parcourt, ni la dévore...
Tu lui en veux pourtant tellement Quand elle était seule alitée, Toutes ces nuits rouges de sang, D’avoir gardé les yeux « scellés »… Comment peut-on dormir autant Sans ne jamais se réveiller ? !!! Aucune question ne semblait naître De son esprit de mère « aimante », Sûrement parce qu’elle n’était pas prête A remarquer la peau suintante De son mari aimant jouer Avec ses filles à la poupée...