Au pays lacustre qu'effleurent les roseaux, Les montagnes embuées se fardent de rose Lorsque l'aurore se défait de son berceau Sous l'oeil maternel d'une lune presque close.
Un fragile esquif encore imprégné de noir Fleurit son sillage de vagues aux ourlets d'or, L'onde transie revêt une robe de moire Qui tour à tour éveille le jour puis l'endort.
Des essences jusque-là inhumées s'élèvent Dans les arbres camards pour que coule la sève Qui apprendra aux bourgeons la langue des fleurs.
De toute part l'oiseau s'allège de romances Tandis que le poète se leste de démence Devant ce qui le sépare de la splendeur.