Vos
poèmes

Un chien rongeait son os.
Il n'avait rien en tête que d'y garder un œil.

Pourquoi t'entêtes tu à surveiller cet os? lui dit un jour le chat.

C'est là dans mes principes. Il n'est pas né encore celui qui le prendra, car cet os est à moi.

Mais si tu restes ainsi à surveiller ton os,
Comment donc sauras-tu si quelques doux mets tendres
Un peu plus loin là bas n'attendent que ta gueule?

Cesse donc dit le chien de me faire miroiter des douceurs de chair. Cet os au moins est là et tu ne l'auras pas.

Ton os n'as plus le goût que celui de la bile.
Et le chat s'éloigne, certain de ce fait là.

Le chien confus le regarde.
Il regarde son os, aussi, que ses crocs si souvent ont serré, dans une volonté féroce de ne rien lâcher.

Le doute le prend et il sent que de rester là, il ne gagnera que les ans. Pris d'une soudaine lassitude, il lâche enfin son os et part.