Continent perdu sur un morceau de banjo, Des notes en suspens qui défont les tristesses De l'alto vers le bas, des rythmes aux pianos Qui percent le jour d'harmonies et de bassesses.
Sur un rire de pauvre, les doigts sont abîmés Des nombreuses tâches que la musique pleure. Sur leurs mains : des traces noires, des coulées dorées Qui chantent les matins comme autant de rancoeurs.
Les doigts salissent, les ventres s'alourdissent. Les temps Et les espaces n'ont d'autres mesures que Le géant. Car tout petits soient-ils, ces enfants, En accords lents, pâment au soleil leurs deux yeux.
Dans les rues, traversent en sifflant, veux-tu boire ? Veux-tu manger, veux-tu voir ? Ma douce misère ? Sur un coin de trottoir, les poches trouées, croire Qu'au bout de cette rue, le banjo saura taire ?
Ou que le piano, de ses touches blanches, peindra Les sillons de leurs joues de la couleur des blés ? Mais non : ce continent se perd. Sur l'opéra Des places publiques, les symphonies dépassées.
Et les enfants continuent de clamer, assis, Que le bas vers l'alto, des rythmes aux pianos Pourraient percer leur seul quotidien d'harmonies. Si simplement leur petit monde était plus beau.