Lorsque le souffle m'appesantit, sous la peau : Des yeux mi-clos d'où retentissent les naufrages De ces figures passées, cales-dos, bateaux De passages, pour des virées, quelques marque-pages.
Il n'y a pas d'absent plus mort.
Le soir, la Lune reflète en mille océans Ces visages d'hier sur des pans d'amours fades, Avec des têtières sans cil pour tout amant Et des bouches lisses sur fronts de mers. Dégradent.
Il n'y a pas d'absent plus mort.
Je ne sais plus tes yeux, je ne sais plus tes mains. Ta peau caillée ou ronde des matins d'hivers ? Je ne sais plus ton nom, petit frère de rien, Père absent ou môme tué : où sont vos vers ?
Il n'y a pas d'absent plus mort.
Et quand le chant de la nuit pousse dans mon lit Les vertiges d'une solitude. Que l'amour N'en peut plus, dans l'attitude d'un sans-abri. Je prie parfois, pour joindre mon corps à ton coup.
Il n'y a pas d'absent plus mort.
Les pas s'avisent de naviguer, toiles fausses En horizon - fatigué. Où sont donc tes pieds ? Où sont tes formes ? Parmi ces princes qui chevauchent De leurs navires énormes mon coeur terré ?