J'ai écrit ce poème et l'eau l'a effacé, Là la ligne se meurt à l'encre qui s'étale, Des tâches bleues sur blanc, délavées au passé ; De ce que j'ai écrit, qu'une vague idée pâle.
Je me souviens bien sûr de certains de mes mots, Mais la rime n'est plus ni la beauté du verbe, Où sont-ils tous mes pleins ? Déliés sans échos, Il ne reste plus rien que quelques vers en herbe.
Ici qu'ais-je pensé ? Et là qu'a-t-elle dit ? Ce devait être beau, pourtant tout est parti. Mais l'eau a le pouvoir de ce qui purifie, Je vais imaginer leur vie après la vie.
Tous mes mots délayés, y seront-ils punis ? Non dans leur autre monde, ils renaîtront unis, En leur encre invisible on lira leur mémoire, Et les anges émus déchiffreront l'histoire.