Artisan aux doigts d'or
Papa où que tu sois, tu es en mes images,
Tu restes grand et fort et le plus grand des sages.
Tu es toujours pour moi l'artisan aux doigts d'or,
Le patriarche fier, protecteur et si fort.
Ton périple fut long, de Mekhnès à Mulhouse,
Tu fus déraciné, à ton bras ton épouse,
Notre mère adorée qui toujours t'a suivi,
Elle qui fut compagne à l'homme et au mari.
Je me souviens toujours combien elle était fière
De t'avoir vu jouer le père et le grand frère.
Sans jamais défaillir, à penser à chacun,
Tu savais partager ta richesse et ton pain.
Tu aimais ton métier, je te revois encore
Devant ton établi et je me remémore,
Tu sculptais le métal, affûtant ton burin
Et, miracle de l'art, l'or naissait de ta main.
Je ne t'ai jamais vu avoir pris de vacances,
Tes seuls grands périples, ce furent tes errances.
Douze à soixante dix ans, soixante ans de labeur,
Ton seul lieu de repos, à Tsour Chalom(1), splendeur.
Mais qui ne se souvient de ta haute stature,
Dans notre synagogue tu avais belle allure,
Tu aimais ton office et ta voix l'entonnait,
Tu gardais ses trésors(2), papa qui ne t'aimait ?
A la demande de son fils, mon ami Salomon, à la mémoire
de son père, Moïse Tolédano
9 Mai 2003
(1)"Rocher de la Paix", cimetière en Israël, près de
Haïfa, où il a été enterré.
(2) Moïse Tolédano était trésorier de la synagogue qu'il
fréquentait tous les jours