Cadres de l'APEC
Ils ont l'air résigné et il baissent la tête,
Mais ils cherchent encore, il faut bien faire avec,
Avançant décidés, ajustant leurs lunettes,
Pour lire, photocopier, ces cadres de l'APEC.
Ce matin, en partant, ils ont mis leur costume,
Ajusté leur cravate, pris leur attaché case,
Un café en courant, arpenter le bitume
Ou prendre le métro, faut bien paraître à l'aise.
Certains viennent s'asseoir juste pour lire un journal,
D'autres usent les écrans, les annonces du soir
Compulsent des revues, ça en devient banal,
Ils remplissent une journée et ça permet de croire.
Si vous les observez, ils ont l'air occupé,
Écrivent, prennent des notes, il y en a même qui courent,
Un sandwich à midi, au bar d'un vieux café,
Parfois dans leur voiture, faut occuper ses jours.
Mais en regardant bien, on voit leurs traits tirés,
Sûr qu'ils ont mal dormi, il y a moins de rêves,
Leur boite les a lâchés, anciens privilégiés,
Cadre pressurisé... qu'ils se taisent ou qu'ils crèvent.
On a créé ce lieu, silencieux et diaphane
Pour leur faire oublier ou garder l'impression
Qu'ils existent encore avant qu'ils ne se fanent,
Ils étaient en ce temps des messieurs de l'action.
Une lampe, un bureau, juste une petite table,
Avoir encore l'image d'une vie d'autrefois
Ne pas paraître rien, ne pas être minable,
Se donner l'existence, garder un peu la foi.
Ils ont l'air résigné et baissent un peu la tête,
Mais vont encore chercher, il faut bien faire avec,
Ils avancent décidés, ajustent leurs lunettes,
Pour lire, photocopier, ces cadres de l'APEC.
2001