Comme l’homme au dernier souffle, dans son dernier rayon Le vieux soleil se meurt une fois encore ce soir Il se traîne avec peine, il trace son sillon Il connaît bien sa terre ce laboureur du noir.
Il est né ce matin quand renaissait l’aurore, A présent il est temps, il est même bien tard Quand il était midi, il rayonnait alors Du haut de son empire il le sait et il part.
A son premier appel, les fleurs unes à unes Etrennaient leurs corolles toutes baignées de rosées Dès son premier sourire s’en est allée la lune Elle traînait derrière elle une étoile égarée.
Il a vu des pays, il a revu des villes, Chaque jour qui l’amène, chaque fois l’y ramène, Il a donné un nom à chaque mer, à chaque île, Et voilà maintenant, son pas est lent il peine.
Il a l’œil tout rouge, il pleure de nous quitter ? Non regarde, il sourit, mais son sourire est triste Comme tous les humains il n’a fait que passer, Il a longtemps marché sur une longue piste.
Seul avec l’infini et seul avec l’ennui, Comme une lueur d’oubli, il faut lui dire adieu, Et la terre dans son deuil s’est revêtue de nuit, Vois là-haut les étoiles larmes claires des cieux, S’allument puis s’éteignent, elles scintillent… c’est fini.