Courrier posthume
Me voilà disparu du monde des vivants
Mais bien plus vif encore en ma prose posthume,
Je suis mort mais gaillard, défiant les instants,
Ici n'existe plus ni semblant ni costume.
Mon âme mise à nue, plus libre que jamais,
Vagabonde, aérienne et elle tourbillonne,
Je voulais être vent, me voilà désormais
Défiant la nature et oubliant l'automne.
Je vais ainsi léguer à chacun d'entre vous
Mais surtout à chacune, un poème ou une ode,
Piochez dans mes écrits des plus beaux aux plus fous,
Tout ce qui vous revient, vous en savez le code.
Vous parents ou amis, je vous ai tous cités,
Lors, quand vous relirez chacune de vos lignes,
Vous y retrouverez tant je vous ai aimés,
Le délicieux nectar des grappes de vos vignes.
Ceux qui n'ont rien compris et à jamais aigris,
J'en ai croisés plus d'un et toujours aussi tristes,
Même déjà partis en des cieux ennemis,
Fouillez dans le fatras, vous êtes de mes listes.
Mes amantes bien sûr, bien plus jeunes que moi,
Vous m'avez inspiré tant de superbes pages ;
Qu'aurais-je écrit sans vous, muses qui m'ont fait roi,
Je vous attends là-haut, aux paradis pas sages.
Quant à toi le poète, encor jeune et fougueux,
Sache que quelquefois, quand aux bleus de ton encre,
Tu sens l'inspiration, rime venue des cieux
C'est moi qui prends ta plume et m'arrime à ton ancre.
19 Novembre 2003