Des Sages j'ai appris, Donner c'est rendre
Il a tendu la main et je lui a donné,
Il ne parlait pas bien, presque incompréhensible,
Il m'a interpellé, mon geste est désuet,
L'indigent vous en prie, ne soyez insensible.
Des sages j'ai appris le sens de l'équité ;
Nous devrions sur terre, égaux à la naissance,
Être chacun de nous, riches à satiété,
Pourtant ce n'est en rien le cours de l'existence.
Alors ce que réclame un pauvre ou un poivrot,
Ne doit pas, à vos yeux, lui paraître une aumône,
Cet argent qu'il nous prend est le sien en dépôt,
C'est son dû, rendez-le, il faut qu'on le lui donne(1).
N'évoquez surtout pas le mot de charité,
Que ce ne soit pour vous dédain ou sacrifice,
Vous avez prospéré, il est déshérité,
Dites-vous qu'il s'agit d'un acte de justice(2).
Il doit en être ainsi de toutes les valeurs,
La nature vous offre, ou beauté, ou prestance ?
Sachez donc rayonner du profond de vos cœurs,
Non pas pour mépriser mais porter assistance.
Vous acquérez la science et devenez savant,
Ne soyez suffisant et sachez être un sage,
Lors, sans condescendance, enseignez en sachant
Que tout doit être échange, on n'est que de passage.
16 Mai 2004
(1) Favorisé "par le sort", on est censé avoir, en dépôt,
des biens qui ne nous appartiennent pas mais doivent être
"redistribués" à ceux qui, "par hasard" nous sont alors
associés lorsqu'ils nous tendent la main.
(2) Le mot charité n'existe pas en hébreu, dans le
judaïsme. Il est appelé "Tseddaka" = Justice