Pendant toute une journée, réveillés avant l'aube, Ensemble on va jeûner, pas un ne se dérobe, Non pas de nourriture et non pas de boissons, On va juste se taire, on nous dirait poissons.
Jusqu'au bord de la nuit à réciter des psaumes, On ne va plus rien dire à l'encontre des hommes, Car la parole tue bien plus qu'un assassin Quand on dénigre l'autre, un ami ou voisin.
La tradition rapporte, à calomnier l'autre Qu'en effet c'est un meurtre en lequel on se vautre ; Quand La Voix édicta "Et tu ne tueras pas", Elle disait aussi 'Tu ne médiras pas".
Car à diffamer l'autre, en parole assassine On " tuera son prochain" contre qui l'on rumine, Mais on va "tuer" aussi tout celui qui entend Et le faiseur de tort est suppôt de Satan.
Mais quelle est la raison du jeûne de paroles ? Chacun pêchant, sournois, s'invente paraboles Alors il faut jeûner, réparer le délit, Un décompte de jours qui jamais ne finit.
Nos sages connaissant le poids de ce silence Lui ont attribué, en son équivalence, Valeur en privations, soixante cinq milles jours, En faisant repentirs de tous ces désamours.
25 Janvier 2004
En cette journée de jeûne de la parole (cette année, ce dimanche 25),on y lit trois fois le livre des psaumes.
Par son importance d'annihilation totale de la médisance, une journée, un jeûne de la parole équivaudrait, selon la tradition à 65000 journées de jeûne de nourritures.
