Désécrit
C'est dur quand rien ne vient, quand la page se fait sourde
Et, penché sur sa plume, une main un peu lourde,
Pas une seule ligne et sans âme les mots,
L'auteur attend le signe, un bruit, souffle ou écho.
Il cherche, nulle raison, pas une certitude,
Tristesse, délit d'écrit, beaucoup de lassitude,
Même le silence se tait, il y manque un appel
Un fil à retrouver, le bras d'un archipel.
La source est-elle tarie ? A-t-elle vidé son eau ?
A peine un goutte à goutte, à sec le pinceau,
L'encrier s'est cassé, la page reste vide
Où est donc cet extase, sans un pli, sans une ride ?
La musique se tait, la rime se fait morne,
Une ruelle glauque, une taverne borgne,
Espace vide, blême et lumière blafarde,
Dans un coin une putain, un peu vieillie, se farde.
Guenilles et désamours, assassins, pickpockets,
De grands trous dans les poches, des soucis ou des dettes,
Un plein de solitude à refermer le livre,
Tristesse des gens autour et rien qui les délivre.
Pas envie de parler, ne pas chercher à plaire,
Oubli qui envahit, la chanson manque d'air
Une passerelle étroite, insomnie du tunnel
Mise à nu du visage et coule le rimmel.
28.04.2002