Je vais faire un aveu, je me suis rendu compte, En cherchant à écrire la vie de mon divan, J'ai pu y réfléchir, attendez, je vous conte, Nous y passons trente ans, y dormant, y rêvant.
Il est le plus intime de toutes nos compagnes, Il épouse nos formes avec une indécence A faire pâlir d'envie les vahinés sans pagnes, Et, quand on téléphone, il sait nos confidences.
Si on y pense aussi, en nos joutes galantes Même pour le plus sage des couples mariés, On fait ménage à trois comme s'il était amante Accepté de la femme, sans jalousie innée.
Je me demande même si mon divin divan N'en sait pas plus sur moi quand je parle en dormant; Il lit tous mes fantasmes et, mieux qu'en l'écrivant, Il connaît de mes nuits chacun de mes tournants.
Quand je suis sur le dos, lui seul sait que je ronfle; C'est sur le côté gauche, que débute mon somme, Il sent donc si d'amour parfois mon cœur se gonfle. Si je suis sur le ventre, il sait que je suis homme.
On a bien souvent dit "les murs ont des oreilles", Personne n'a pensé à ces espions du vent Qui guettent nos départs après que l'on s'éveille Et viennent sans vergogne ausculter le divan.
10 Septembre 2002
Texte écrit pour notre Cercle de Poésie sur le thème "le divan".