Je marchais dans la mer, comme à chaque couchant, Et voyais le soleil décliner lentement. Alors j'imaginais qu'il allait, noctambule, Retrouver une amante après ce crépuscule (1).
C'est alors qu'en ma tête une rime m'étreint Et je récite en moi du poème un quatrain ; J'aimerais bien l'écrire, à genoux sur la plage, Mais voilà, tout mouillé, je souillerais ma page.
Aller au bord de l'eau ? Le sable sur ma main Brouillerait, lui aussi, l'encre du parchemin ; J'ai alors une pensée "Si j'avais une chaise Je la poserais là pour écrire à mon aise".
Vous n'allez pas me croire, ou me dire un peu fou, Un fauteuil flotte alors, "Venu je ne sais d'où" ; Ainsi j'ai pu m'asseoir pour écrire l'histoire Où l'astre solitaire allait faire la foire (1).
Puis je me suis levé, ayant écrit mes vers, Laissant là, je l'avoue, tel juste un fait divers, Ce siège que la mer a offert à ma plume Avant qu'une autre nuit ne succède à la brume.
Mais voilà qu'à dix pas j'entendis un fracas, "Venue je ne sais d'où", en ses milliers d'éclats, Une vague emporta la chaise de plastique Et elle a disparu, me laissant sans réplique.
(Tout est vrai en ce poème, sauf le dernier quatrain, pour donner un goût supplémentaire à l'"étrange")
