Tu dérobes mes nuits et tu hantes mes jours, Tu voles mes instants et j'en oublie le cours ; J'ai beau vouloir voler au delà de ta plaine, Je retourne en ton nid où tu es souveraine.
Quand je veux m'en aller, quitter ton univers, À jamais t'oublier, effacer tous tes vers, Tu sais qu'il faut m'attendre et que, pour ton royaume, Je reviens vagabond, sans armure ni heaume.
Tu t'instilles en moi, comme grave un rocher Le mince filet d'eau qui sait s'y accrocher ; Tu m'as ensorcelé, tu es cette diablesse Qui me conjugue "aimer" à en être prêtresse.
Fascinante, envoûtante, à tant me subjuguer, Quand moi, fétu de paille, au gré de ton voilier, Je coule à me noyer puis, à ton bouche à bouche, Je me laisse griser et partage ta couche.