Je ne suis que poussière, un seul des grains de sable Que, d'un coup de sa patte, un chameau du désert Rejette sur la dune, infinie, insondable; Mouvante en son oubli, l'humanité s'y perd.
À peine goutte d'eau de l'océan immense, Chahutée, cahotée par le moindre ressac, Perdue parmi la houle et, quand la vague danse, Rien pour me distinguer d'une autre au fond d'un lac.
Même pas un photon, dans un rai de lumière, Ce monde où le micron, l'infiniment petit, N'occupe nul espace et aucune barrière, Où l'oeil de l'être humain jamais ne réagit.
Un parmi six milliards d'hommes de la planète, Tout juste une entité qui naît, qui vit, qui meurt, Comme d'ailleurs aussi n'importe quelle bête, Et que serais-je au fond si je n'avais un coeur.
