Feuille
Vois, j’ai repris ma plume, toi nuit qui me consumes,
Je remonte le temps, toi le souffle éprouvant,
Et le feu qui s’allume et pourfendant la brume
Se fait rires d’enfants, un peu rêves d’amant.
Mes doigts vont tes chemins, ma feuille parchemin,
Je t’avais laissée vierge et voilà, je t’assiège,
Je te fais de mes mains, j’aime tes lendemains,
Quand vissé à mon siège, je relis tous tes pièges.
Toi tu m’as reconnu et je te mets à nu.
Je te fais renaissance et bois tes abondances,
Mais, tout ce temps perdu où je t’ai méconnue,
Oubliée de mes sens, vois, je fais pénitence.
Feuille tu m’es fidèle et me fais tourterelle,
Que mes ailes volettent, t’écrivent mille lettres ;
Je me brûle à tes mots quand toi tu fais la belle,
Plus jamais oubliette, mes vers vont te renaître.
Vois comme par le passé, j’écris, je rime. Assez
Me criaient mille voix qui ont brisé ma foi.
Bois les rimes amassées qui vivaient délaissées
Là, tout au fond de moi, étreignant mes émois.
Feuille, je t’ai languie, toi tu restes fidèle.
Longtemps je n’ai rien dit, tu as su rester belle.