Film : Les Pianistes
Ce n'est pas "Le Pianiste"(1), au fond de sa souffrance,
Qui, échappant au mal, a dérobé mes pleurs.
Ce sont ces inconnus de mon pays de France,
Pologne ou Italie, Salonique ou d'ailleurs,
Ces autres que la "bête" a rayé à genoux,
Ceux qui ont emporté leur musique en les cieux,
Poètes dont la plume a séché dans les boues,
Artistes inconnus, à jamais silencieux.
Peuple de Germanie où sont nos partitions ?
Va chercher dans la flamme et ramène-les nous !
Siegfried qu'as-tu fait des airs de nos chansons ?
Va fouiller en Auschwitz, exhumes-en les bouts !
Et ce môme où est-il qui serait virtuose ?
Tu as fait de savon(2) nos graines de savants !
Sais-tu que des bambins aimaient écrire en prose ?
Des encriers séchés gardent leurs doigts d'enfants.
Ce n'est pas seulement le toucher du Pianiste
Qui n'a pas pu vibrer en cette Europe laide,
Non ! C'est aussi le fou, le pauvre, la modiste
Pour lesquels je crie, pour qui ma rime plaide.
J'ai beau tendre l'oreille, il manque une musique.
J'ai beau aimer Paris, il manque une frénésie,.
J'ai beau aimer l'acteur, il manque un clown au cirque.
J'ai beau aimer Hugo, il manque une poésie.
2 octobre 2002
© Charly Lellouche
(1) Texte écrit après avoir vu le film de Roman Polanski,
Le Pianiste, décrivant, à travers une tranche de vie d'un
Pianiste polonais célèbre, rescapé des exactions de
L'Allemagne, ses errances le rendant comme une bête.
(2)Les nazis brûlaient les Juifs, après les avoir gazés.
La graisse récupérée, coulait des fours crématoires.
En pénurie de suif, ils en faisaient... des savonnettes.