Quand cette goutte d'encre a glissé sur ma feuille Je me suis dit qu'alors il fallait que je veuille La graine d'écriture enfouie au fond de moi Et longtemps en sommeil attendant quelque émoi.
Car ma plume asséchée se disait impatiente Que l'inspiration se fasse insouciante, Et qu'elle caracole aux détours de mes vers Même à ne raconter que quelques faits divers.
Qu'importait que ce soit une rime grandiose, Elle se suffirait des parfums d'une rose, D'un sourire d'enfant, du parcours d'un voilier, Pourvu que le poème naisse de l'encrier.
Qui pourrait deviner que la moindre rature Pour la page assoiffée aurait si belle allure ? Elle savait qu'au fond je ne l'oublierais pas, Comme ressuscitée au sortir d'un trépas.
Alors ma goutte d'encre s'est montrée bien coquette, D'être ainsi parvenue à faire ma conquête, Et je l'ai entendue murmurer d'un seul trait, "Surtout ne m'oublie pas, pour toi je reviendrai".