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Charly LELLOUCHE

Histoire d'Os

Cela faisait trois siècles qu'ils étaient à l'étroit
Sous cette terre aride et qui pesait son poids.

On ne sait pas lequel a fait le premier pas,
Etait-ce un métacarpe ou du crâne un éclat,
Mais voilà la révolte, que dis-je, la guérilla
Se déclara de nuit, avec un grand fracas.

Les vertèbres étaient lasses de prendre ainsi de l'âge,
Un docteur aurait dit "manque de cartilage".

Il y avait bien sûr, le rebelle fémur
Qui n'avait pour seul rêve qu'un soir faire le mur.
Il en avait bien marre, cet os de la cuisse,
De supporter la hanche, os iliaque et qu'il puisse
Aussi s'articuler avec la rotule
En plus du tibia, araignée tentacule.

Oui ce fol tibia, le tarse s'en plaint fort,
Car il s'appuie sur lui, pour faire du pied le port.

Le péroné aussi jouant les parallèles
Avec ce même os qui de partout s'en mêle,
Etait fort marri d'être toute sa vie,
Face à cet échalas qui souriait ravi.

La colonne vertébrale languissait les étoiles,
Sans doute un coup de spleen et un manque de moelle.
D'un côté elle avait les sept cervicales
Qui d'elle se croyaient les seules cérébrales.
Et elle avait en bas, bien sûr le coccyx,
Qui se plaignait toujours de n'être que suffixe.

Au milieu du fracas, alors que tout éclate
Il y avait aussi, stoïque l'omoplate
Qui, restant sur le dos, ne jouant aucun rôle,
Les écoutait brailler en haussant les épaules.

En ce village gaulOiS, on avait un brutus,
Coude à coude à jamais aux radius, cubitus,
Il entra dans l'arène, en numerus clausus,
Car, né d'humeur minus, c'était un humérus.

En fait je vais vous dire d'où vint cette révolte
Ce n'était sûrement pas, avec sa cohorte,
Le crâne qui tout entier était féru d'orgueil,
Abritant ce cerveau qui dormait d'un seul œil.

Non c'était, juste à gauche, les côtes du thorax
Qui avaient abrité un organe relaxe,
Ce cœur qui autrefois battait et si aimant
Et qu'ils avaient chéri plus pur qu'un diamant.

4 Juillet 2002