Histoires d'Eau
Elle coule de source, à ce que l'on avance,
La mémoire de l'eau, le cours de tant d'histoires.
J'y laisse aller ma main, pour chercher souvenance,
Et, en fermant les yeux, je lis ses écritoires.
Là, il y a longtemps, Juliette fit l'amour
Et, son bras nonchalant, avant qu'elle s'enfièvre,
En cet été brûlant, a laissé ses parcours,
Abreuvant son amant d'eau fraîche de ses lèvres.
J'ai en moi cette image, toi fontaine de Rome,
De cette suédoise, en sa "Dolce Vita",
Qui, en toi s'immergeant, tournait la tête aux hommes,
Ton eau sculptant ses formes comme une lolita.
Quand j'ai plongé hier, au large de Sardaigne,
Enveloppé des flots de la mer en colère,
J'ai revu, comme en rêve le visage qui saigne,
D'une femme noyée, et surprise en ses serres.
Alors viens sous l'orage ! Que ses gouttes caresses
Impriment nos étreintes, fouettées par le vent.
Et que la terre aride, sevrée de nos promesses,
S'en aille les conter du fleuve à l'océan.
6 Août 2002
