Ses racines en terre et le feuillage au ciel, Il était impassible, on l'aurait dit de marbre, Fier et majestueux, il n'avait son pareil, J'ai grandi à son ombre et il était mon arbre.
Je revois le ruisseau murmurant à ses pieds Son clapotis de l'eau, lui faisant allégeance, Il était le plus beau de tous les noisetiers Sur la rive en lacets, au cours de son errance.
Nous étions des gamins et nous jouions souvent, À cacher nos trésors tombés de ses branchages, Puis nous les échangions, cadeaux venus du vent, Contre un baiser volé ou parfois des images.
Il était bien trop grand, et moi bien trop petit, Un fantôme imposant et paraissant un homme Qu'on n'osait défier lorsque tombait la nuit, Sinon dans quelque rêve, au milieu d'un bon somme.
Et me voilà adulte et lui un peu plus vieux, Je ne l'ai plus revu mais il a dû m'attendre, Un jour j'irai chercher, passé délicieux, Ces infinis moments d'une enfance si tendre.