Je l’ai écrit un soir, que je ne dirai plus, Et n’offrirai jamais en aucune autre rime, L’aveu sacré "je t’aime", enfermé en reclus Au fond de ma mémoire, au recoin d’un abime.
Mais il vibre autrement, gravé sur l’arbre roux, Dans le jardin secret qui était notre alcôve, En six lettres de feu traçant le mot ‘jaloux’ ; Quand "lui" vole ton sein contre qui il se love.
Probablement aussi, un manque en nos décors, Je ne peux comme "avant", au creux de mon épaule, Te bercer doucement, fredonnant "Bébé dors" Quand toi la femme enfant, l’autre t’a faite idole.
Je sais, n’étant plus là, je t’ai poussée cent fois À vivre ton histoire, à dessiner ta vie ; Alors, pour m’écouter, en défiant nos lois, Tu as posé ta tête au coeur d’une autre envie.
Mais ce n’est que tendresse car tu m’écris encor, Ce sont tes plus beaux vers ; j’imagine ta plume, Au sortir d’une étreinte, traçant en lettres d’or Ces mots secrets pour moi et que parfois je hume.