Un soir de promenade au détour de l'été, Quand la brise est légère, un vrai souffle de vie, Nous voilà sur un banc, assis tout à côté De deux joueurs d'échecs penchés sur leur partie.
Alors vous regardez, en leur concentration, Chacun d'eux très tendu, guettant le jeu de l'autre, Vous en sérénité, eux en grande tension, Ne vous regardant pas, absents en quelque sorte.
Les pièces, le plateau sont déjà très anciens La table elle est usée d'innombrables esquives, Et c'en est presque beau, unis par tous ces riens, Les deux lutteurs sont seuls en leurs joutes sportives.
Soudain la voix s'élève aux conseils d'un ami, La tactique s'affine et c'est un vif échange ; Mais même à deux contre un, l'adversaire est ravi Car il va l'emporter, l'autre jetant l'éponge.
En cette scène pure, au cœur de la cité, Vous êtes emportés par cet intense calme Qu'ils ont communiqué dans leur rivalité, Et, quand vous les laissez, vous n'êtes plus qu'une âme.