La rumeur
Il en est pour créer du beau avec la plume,
Envolées de la rue, regards sur le prochain,
Paysages, amours, insolite en la brume,
Tableaux ou amitiés, et la grâce en leur main.
Regardant par dessous avec le regard vide,
Il en est de petits et sans aucune ampleur
Voyez la commissure et déjà une ride,
Une envergure nulle et en eux la rancœur.
Il en est pour chanter et toujours le sourire,
Sifflotant dans la rue, vivant de dérision,
Portant pour seul bagage une corde de lyre,
Et venant vous conter lorsque naît la passion.
Il en est qui, un jour, vivant de médisance,
Glauque insidieux vont lancer la rumeur,
Leurs yeux en disent long sur le peu de prestance,
On chercherait en vain si il y a un cœur.
Comment on crée "le bruit" ? J'en donne la méthode,
On prend radio moquette et on est à l'affût,
La jalousie vous ronge, on se glisse et on rode,
Un mot de vérité, de là naît le raffut.
Faut toujours mélanger, ce vrai et le mensonge,
Surtout la déformer et sus, c'est l'hallali !
Pour le badaud qui passe on déchire le songe,
"Ah bon", "Oh c'est pas vrai" et c'est "catimini".
Alors bien sûr celui dont on a fait la cible
S'il est faible ou déprime, on lui "fera la peau".
On va le macérer et le passer au crible,
La rumeur va tuer même l'eau d'un ruisseau.
Ils prennent tous les droits et relèvent la tête,
Ils reprennent à leur compte et nous jouent la candeur,
Ils vont en rajouter, il faut gâcher la fête,
Mais le chêne est solide et le saule pleureur.
Mais je connais la fin de l'histoire et la fable,
"Celui qui naît petit ne sera jamais grand,
Celui qui calomnie, la justice l'accable,
Et celui qui rajoute, en le Ciel on le pend".
19 Août 2003
