Un jour elle était belle cette vieille qui passe, Un jour elle sera vieille cette belle en terrasse ; Et elles se sont croisées, de même leurs regards ; Qu'ont elles imaginé dans leurs pensées sans fards ?
La belle, elle, s'est dit : "Lorsque je serai vieille, Je veux lui ressembler, cette vieille est merveille ! Avoir la même allure, avoir le même pas, Et ne jamais sentir arriver le trépas".
La vieille, elle, a souri, elle s'est souvenue, Qu'on l'appelait déesse, et qu'elle était connue ; Bien sûr qu'elle était belle et qu'on la regardait, Les femmes l'enviaient, un rien la distinguait.
La vieille avait failli revenir voir la belle Lui parler, papoter, oser : "Mademoiselle Puis-je vous regarder, vous êtes mon miroir, J'ai été votre aurore et me voilà au soir".
La belle elle a failli l'interpeller : "Madame Comment donc faites-vous pour rester cette femme Qu'on devine en vos yeux avoir été beauté ? J'aimerai, vous savez être dans le secret".
Mais voilà, "c'est la vie" ! Qui pense à la vieillesse Quand on est encore beau et en pleine jeunesse ? Et quand on a vieilli va-t-on se souvenir ? Hé non on oublie tout… surtout qu'on va mourir.