Le Bal des Mots Dits
Venez les voir danser mes mots dits sur mes pages,
Il en est qui sont sots et d'autres qui sont sages,
Il en est de très beaux peignant mes paysages,
Et il en est bien sûr, de mes nuits, pas très sages.
Quand on leur donne une Âme, alors ils sont aux Anges,
Comme si Cendrillon se parait d'Apparats,
Et c'est là leur Mystère, à ne plus être Étranges,
Ils sortent du Dico, parés de mille Éclats.
Écrire "Tu es Belle" à sa dernière Amante,
A plus d'Éternité qu'en l'Étoile filante ;
Car là le Mot préfère être attaché ainsi,
Que n'être qu'Étincelle au milieu de la Nuit.
Levez-vous donc un Soir et dormez d'un seul Œil,
Laissez sur votre Table ouvert votre Recueil,
Vous entendrez alors la Musique indicible,
Que jouera un Orchestre, à vos Yeux, invisible.
Et ce n'est pas un rêve, Homo et Omelette,
Se prendront par la Main, pour un dernier Tango ;
Vous verrez Féminine apparaître à la Fête,
Avec son Masculin, sur un air de Banjo.
Là, pas loin, c'est le Verbe à deux pas du Sujet ;
Pourtant même asservi aux désirs du Coquet,
Le mettant au Pluriel, parfois au Singulier,
Lorsqu'il devient un Nom, le monde en fut créé.
Avez-vous reconnu, à côté, l'Adjectif ?
C'est lui qui donne un sens aux Verts, aux Bleus, aux Roses
C'est lui qui près d'un Mot est Qualificatif,
Les Prés, les Cieux, les Fleurs, sans Lui seraient Moroses.
Vous pourriez n'accorder aucun Autre à l'Adverbe,
Penser que le Pronom est bien trop Personnel,
Ajouter que l'Amour est quelquefois en Herbe,
Regretter qu'en un Vote on soit dans le Panel.
À me lire, bien sûr, vous vous faites Raillards
Mais il est bon parfois d'oublier le Réel ;
À être trop Concret, on oublie l'Essentiel,
Alors qu'on n'est en fait, qu'Un parmi des Milliards.
© Charly Chalom Lellouche
Écrit Vendredi 21 Décembre 2012
Sur une consonance qui m'est venu d'après le vieux film
"Le Bal des Maudits" avec Marlon Brando
