Sous le couvert d'un masque, on devient quelqu'un d'autre Qui va le reconnaître quand l'inconnu se vautre ? S'il ne le dirait pas à visage découvert, Il va alors oser le propos le plus vert.
Le pauvre sera riche en habit de lumière, Ses vêtements usés ont allure princière ; Qui va y deviner l'habituel mendiant Ainsi dissimulé en ce vieux clown riant ?
Le laid s'étant grimé, fait du masque son arme, Parure le cachant, il va user de charme, Fera rire la belle en étonnants discours Et même lui conter ses frasques et amours.
Même l'acteur connu, vêtu de mascarade, Pourra enfin sortir, quidam en la parade, Passer inaperçu, enfin incognito Et marcher dans la rue, déguisé en Pierrot.
Mais n'est-ce pas surtout l'image qu'on se donne, Qui est notre vrai masque et que D-ieu nous pardonne ! Ce "sage" au fond n'est rien que le plus pur vaurien, Et ce pâle ignorant, savant, homme de bien.