J'ai ouvert la page aux poètes du monde, Moi qui osait à peine, en mes récitations, N'avoir que souvenirs, quelques bribes d'une onde, Pour ne jamais sentir influence ou actions.
J'ai bu à leur fontaine en source inépuisable Quand ma langue était sèche au bord de l'oasis ; J'ai tracé tous leurs noms sur mes dunes de sable, Comment ai-je attendu tant de temps sans leurs lys ?
Leurs lignes comme un fleuve en s'écoulant en crues, Irriguent ma mémoire en des milliers de vers, De tous ces écrivains, ceux qu'hier j'avais lus Et que j'ai oubliés en mes soirées d'hiver.
Je vous ai retrouvés et là vous m'attendiez, Au détour de ce mur, un fin sourire aux lèvres, Vous m'avez enchanté et, comme un pied de nez, Je me suis retrouvé comme un enfant qu'on sèvre.
Le beau et la passion, les écrits de l'histoire, Vous avez parsemé vos vies parfois de vices, Vous évoquez l'amour, la mort et la mémoire, Vous êtes, les poètes, nos moments de délices.