A-t-on le droit de vivre, dans Paris en reclus, Marcher la tête basse, sans voir ses avenues, A-t-on le droit de vivre sans chercher dans ses rues, Le poète ou le peintre à présent disparus.
A-t-on le droit de vivre, sans savoir que la ville, Capitale de Gaule se rit des vaudevilles. A-t-on le droit de vivre à n'être que fossile, Et ne faire en sa tête pas plus qu'un bidonville.
A-t-on le droit de vivre, sans en ressentir l'âme, Dans tous ses édifices, il y a une flamme. A-t-on le droit de vivre sans aimer comme une femme Les contours de ses rives, la Seine est une dame.
A-t-on le droit de vivre en traversant ses ponts, A n'y voir que le gris et la circulation, A-t-on le droit de vivre, qu'y a-t-il de plus con Que d'habiter Paris et n'y être qu'un thon.
A-t-on le droit d'y vivre pour s'enfermer ailleurs, Ne pas savoir ses jours qui donnent le meilleur, A-t-on le droit d'y vivre sans en voir les lueurs En ses nuits noctambules qui font vibrer les coeurs.
A-t-on le droit de vivre aussi près de Paris, Sans venir contempler tous ses jardins fleuris, S'en aller folâtrer dans quelque librairie, Y naître pour mourir sans nulle rêverie.