Les deux sont magiciens, la femme qui inspire Et le poète fou qui la peint de ses mots ; De pages d'encre pure il s'en va la décrire, Une osmose parfaite où les deux sont échos.
Le peintre ou le sculpteur s'inspirant d'un modèle, Celle-ci doit garder la pose à l'infini ; Mais le poète écrit par ce qui vibre en elle, Quand elle rit, s'en va, virevolte à l'oubli.
Si elle clôt ses yeux, là s'éteint la lumière ; Lors il range sa plume et ferme l'encrier, Il attendra demain sa page nourricière, Qui lui permet de vivre à fleur de papier.
La muse sait jouer de vos cordes sensibles, À porter votre plume en chemins indicibles, À se demander même, à lire nos répliques, Si ces écrits divins ne sont pas prophétiques.
Si un jour elle part, imaginez vos lignes Pleurer des larmes bleues, aux couleurs des ennuis ; Elles vont s'étirer attendant d'être dignes, De celle dont la grâce ira hanter vos nuits.