Huit heures du matin, vous prenez le métro, Observez simplement mais n'en faites pas trop. Ils ont quitté leur rue, la maison qui rassure Et les voilà lâchés, bien loin de leur nature.
Personne ne sourit et bien sûr nul bonjour, Entassés sur le quai lors chacun devient sourd, A qui monte en premier quand s'arrête la rame, Chacun court pour s'asseoir à y perdre son âme.
Et les voilà placés, non je dirais tassés, Alors regardez-les comme des trépassés. Il en est somnolant, le regard dans le vide, Est-ce que dans la tombe un mort est plus placide ?
Certains plus éveillés vont lire leur journal, Faire des mots croisés, bien mieux pour le moral. Il en est assourdis, à battre la mesure, Walkman à leur oreille et l'autre ils n'en ont cure.
J'avoue que quelque fois j'en vois un qui s'anime, Il va même parler ; vais-je changer ma rime ? C'est juste une station qui jaillit en plein ciel, Son portable a sonné, texto confidentiel.
Nous voilà à l'Etoile et l'armée se déchaîne, Tous au pas cadencé et pas un qui ne traîne. La guerre est déclarée ? Ils courent on ne sait où, Esclaves d'aujourd'hui en un monde trop fou.