J'ai vu des gens assis avec cette tristesse Qu'on lit dans leurs yeux las, en manque d'avenir, On les a invités, ils portent leur détresse, Un vieux joue du piano comme un dernier soupir.
Je me suis demandé s'il leur restait un rêve, Il sont là, attendant, ils ne savent trop quoi, Il peut neiger, pleuvoir, ils ne feront pas grève Ni de révolution et jamais hors-la-loi.
Quand l'un applaudira, en un parfait ensemble, Il vont taper des mains en un devoir d'écho, Une vieille qui baille, un homme âgé qui tremble, Seul un couple amoureux s'échange leur bécot.
Sans un bruit et discret, hors des lieux je me glisse, Je respire un bol d'air et, prenant les devants, Je m'envole très loin de cet espace lisse Et m'en vais retrouver mon monde des vivants.