J'ai fait, tu le ressens, de mes mots un royaume, J'ai bâti ligne à ligne un empire éternel, Le bruissement de vers est à mon coeur un baume, Même en les crissements d'espace intemporel.
La pureté de l'art, à nulle autre pareille, Donne la sensation d'être dans un ailleurs, Perception d'absolu en une nuit de veille, Quand l'inspiration fait de nous les meilleurs.
Secrets de l'univers, discrètes confidences, Chuchotements furtifs, murmures clandestins, Rien ne s'intériorise, impudeurs ou décences, On fait et l'on défait avenirs et destins.
J'imagine le peintre à l'envol de son oeuvre, Et le regard qu'il porte aux couleurs du tableau, Le sculpteur entaillant la roche qu'il manoeuvre, Pour graver les détails et jusqu'au grain de peau.
S'il fallait une prière au Créateur du monde, Qui a mis en mes doigts parfois quelque talent, C'est que jamais ne cesse en moi cette faconde Jusqu'à mon dernier souffle en émule du vent.
