Quand je serai grand-mère
Quand je serai grand-mère,
Alors j'oserai tout, ce que je n'ai pu dire,
Les secrets qui en moi étaient ces moments clairs.
Je les regarderai assis mes petits êtres,
Et je leur conterai mes frasques du temps d'avant,
Ce qu'à jamais personne je n'avais confié.
Quand je serai grand-mère,
Je leur dirai : sachez que derrières mes rides
Il y a quelque part des histoires d'amour ;
Vous serez les premiers à qui j'offre mon coeur
Et les derniers sans doute car, vous mes tout petits,
Vous êtes je le sais mes derniers amoureux ;
Peut on encore aimer une vieille qui part ?
Quand je serai grand-mère,
Je vais ne plus mourir car je vais vous conter,
Comme Shéhérazade, aux mille et une nuits,
Mille et un souvenirs, non pas mes mille amants
Mais mes milles instants, avec un seul amour.
Vous savez le plus beau, vous n'allez pas me croire,
Ce n'était pas seulement quand il disait "je t'aime",
Ce n'était pas non plus quelques très beaux poèmes,
Non n'allez pas en rire... c'était quand il dormait.
Voyez-vous au début, moi j'en étais furieuse
Et, pour toute autre femme, ce serait un affront ;
Mais quand il s'endormait au creux d'apaisement,
Lorsque moi je savais qu'alors il était bien,
Quand j'entendais son souffle apaisé et serein,
Alors c'était pour moi le cadeau le plus beau,
Lui qui était à toutes, je l'avais tout à moi.
2 Mars 2006
Texte écrit en live, sans rimes, avec une amie poétesse,
on s'est imaginé que ces instants secrets, on les
conterait un soir à nos petits-enfants.
