J'ai guetté ton retour, empêtré dans les algues, Je n'ai plus qu'une image un peu comme des vagues. Les roses à tes pieds embaumaient l'univers, Et l'onde tout autour faisait couler mes vers.
Mais tu as disparu, comme tu es venue. En cet effeuillement qui t'avait mise nue. Nous étions en nos mots complices et amants, Une union impossible aux flots des océans.
Nos lèvres s'unissaient à nos corps scellés, Et toi sirène ou fée, tes seins que j'ai sculptés Se donnaient en offrande abandons et délices. Qui a créé le choc ? Du hasard les caprices.
Tu es blondeur des blés et ta peau couleur ambre, Tannée par le soleil, au soleil fait de l'ombre. Tu as des yeux de louve et t'adonnes à ce sport Qui t'a faite élancée et déesse en ton port.
Tu as aimé l'envol que, poète inspiré, Pour toi muse attisée mes doigts ont dessiné. C'est vrai que l'art du verbe est une arme magique, Elle est un privilège qui défie l'Atlantique.
Ton appel dans la nuit, à six heures d'ici, Un accent à damner Léonard de Vinci. Envoûtement à deux en nos voix contre voix, Et puis persuadés qu'il fallait qu'on se voit.
Va-t-on se retrouver ? Je sais tu le demandes, Nous avons été fous en folles sarabandes. Tu hais ce coup du sort qui t'a faite partir, J'ai gardé ta photo, tu vas me revenir.
Désespéré le temps a arrêté son cours, Jusqu'à ce soir de mai où nos folles amours Ont remonté la source et, en état de grâce, Les flots de nos torrents ont défié l'espace.
