Seul, laissez-moi donc seul, je veux vivre mon rêve, Sans que l'on m'accapare, être seul sur la grève, Avancer à mon pas et là, comme aujourd'hui, Écrire quelques mots au soleil qui reluit.
Je veux charmer la mer, lui faire confidence, Sans que nul ne m'écoute et qu'on fasse silence ; Laisser vaquer mon âme et ne penser à rien, Être seulement seul, me dire "Je suis bien".
Dans cet oubli du temps, des hommes et du monde, Seul avec la nature et personne à la ronde, Je peux laisser ma plume errer d'inspiration Et l'encre emplit ma page en gage de passion.
Qui peut imaginer à tant m'entendre rire, Offrir une parole, un conseil, ou médire, Que je voudrais parfois que l'on me laisse seul, Bien sûr sans envier la mort et son linceul.
J'ai pu fermer les yeux sans donner nulle excuse, Sommeiller apaisé et sans user de ruse, Faire tout à l'envie, faire ce que je veux, Sans devoir papoter quand on est plus de deux.
Bien sûr j'aime la vie, j'aime la compagnie, Et ne renie jamais une présence amie ; Mais pouvoir méditer sans nulle explication C'est vivre au plus profond de son introspection.
N'ayant que le désert pour leurs seuls paysages, C'est là que s'isolaient les hommes les plus sages ; Moi c'est le bord de l'eau qui fait naître mes vers Et sait me ressourcer au sein de l'univers.