Tu n'as voulu partir qu'en étant centenaire ; Un peu comme Sarah, tu étais à cent ans, Belle comme à sept ans quand on t'a mise en terre, Et bien plus pure aussi qu'une enfant de vingt ans.
Tu étais ma tantine un peu aussi ma mère Qui elle m'a quitté il y a dix ans déjà ; Bien sûr sans ton mari, tu étais solitaire Et voulais le rejoindre au monde d'au-delà.
Pourtant tu sais combien, en neveu égoïste, J'ai souhaité pouvoir te garder très longtemps ; Tu savais nous bénir et n'étais jamais triste, Un superbe sourire, hiver comme printemps.
J'ai, dans mes souvenirs, le goût des confitures, Que tu gardais pour nous dans un coin de placard, De fraises ou de coings, de figues ou de mûres, Mais voilà les meilleurs nous quittent tôt ou tard.
Tu n'as pas eu d'enfants mais nous, cousins, cousines, Nous avons tous été, chacun à notre tour, Cette fille ou ce fils et, rose sans épines, Tata tu as su être notre bouquet d'amour.
Toi, notre Tsadeketh, toujours tête couverte, Tu vas bien nous manquer mais ce n'est pas en vain, Car bien sûr, de Là-Haut, ta porte reste ouverte Pour tous nous protéger, près du Trône Divin.