Théâtre : Métamorphose
Comme tu étais belle à t'être inventée plante,
Tes cheveux recouvrant tes yeux comme des algues,
Je t'ai sentie pousser, en brindille grimpante,
Irisée de lumière, feuillage aux mille vagues.
Mouvements lents du corps, tu étais sensuelle,
Comme femme s'offrant en folles nuits d'amours,
Ensorcelant le peintre aux tons d'une aquarelle
Qu'il trouve en tes nuances, dessinant tes contours.
Tu as su être muse, en sources affolantes,
Effluve aux mille mots ruisselant de mes doigts,
Je t'écris, te décris, tu le sais, tu me hantes,
Je veux imaginer qu'en tes pores je bois.
C'est vrai le temps sépare et les ans sont murailles,
Mais les murs s'effondrent quand s'enivrent les coeurs,
Qu'importe si l'on vit un instant nos semailles
Et que tu partes un jour pour t'envoler ailleurs.
J'ai écrit quelque part que l'on peut vivre à deux
Toute une vie entière et en mourir d'ennui.
Pour deux êtres en leur fougue, une heure de leurs feux
Peut être plus intense que la plus longue vie.
J'ai gravé tes aveux qui restent dans ma tête,
"Que celle à qui mon coeur saurait être une offrande,
Serait plus que charmée que je lui sois poète".
Alors si tu le veux, moi je te le demande,
Viens et sois moi hantise, en rimes abondances.
Sois la source en mon fleuve et l'encre de ma plume,
Inspire mes labours, graine quand tu t'élances,
Pour que germent mes feux, flammes que je rallume.
C'est vrai que tu es belle à t'être inventée plante,
Quand ton visage émerge aux feuilles que j'élague.
Je dénude l'écorce, et tu te fais amante,
Viens, baissons la lumière, emplis mon terrain vague.
2001
Nous devions monter sur scène, deux par deux et, accroupis,
le visage au sol, peu à peu, nous relever, nos bras
comme des branches de l'arbre que nous étions et qui
"poussait" de terre