Dame je veux vous dire, en vos plus beaux atours Et je vais donc oser, vous êtes en mes amours; J'aime vous observer penchée sur vos pupitres à tracer vos écrits moi collé à vos vitres
Vous ne me voyez pas et je suis comme une ombre Un pauvre troubadour toujours en mon coin sombre Mais pourtant je vous aime et bien plus que ce prince Qui semble faire la cour et plutôt vous évince.
J'aime quand vos yeux brillent, que s'entrouvrent vos lèvr Comme pour me parler et vous êtes en mes rêves; Vous sentir me frôler moi qui suis de la plèbe Et humer vos parfums comme des blés en gerbe.
Que ne pourrais-je Dame, un jour vous retenir, Que vous me regardiez quitte à me voir punir, Effleurer votre main, sculpter votre visage à en être imprudent, frôler votre corsage.
Que ne puis-je, un seul jour, ou même juste une heure Vous savoir près de moi, vivre en votre demeure, Lors vous laisseriez faire, vous laisseriez mes doigts Caresser votre corps, en oublier vos lois.
Dame je ne suis prince, vous êtes courtisane, On ne m'a destiné qu'à quelque paysanne Mais je sens que parfois, quand je vous vois écrire, Vous aimeriez aussi vous échapper et rire.
Je vais donc me risquer à vouloir vous apprendre à sortir du château où votre braise est cendre, Ne restez plus transie, en rêve inachevé, Laissez-donc, je vous prie, ce livre de chevet.