Voilà qu'ils sont partis, un à un, en silence, Mon Jacquot, puis Sylvain, jeudi dernier Roger ; Les trois des amis chers ; Oh funeste cadence ! Quand vas-tu t'arrêter, ton décret l'abroger ?!
Jacques c'était mon frère et combien il me manque ; Quand je vois son visage au sourire serein, Une photo d'alors et moi en saltimbanque, Je me dis qu'en ce monde on est bien souvent rien.
Sylvain c'était l'ami et tout en politesse, L'air de n'y pas toucher en sa pointe d'humour, Et le sourire en coin, un bloc de gentillesse, De lui il n'émanait que bonté et amour.
Roger c'est la pudeur qui le rendait unique ; Quand il se confiait c'était à demi-mots Il aimait mes écrits, il aimait ma musique ; En fait on s'aimait bien on était deux marmots.
Voilà il n'y a plus qu'un bout de cette lettre, Les lignes d'un poème et trois prénoms d'amis ; Sans doute ils sont ensemble et je me dis peut-être Qu'ils ont parlé de moi, hier, au Paradis.