Décharnés, dépecés et sortant de l'orage, Ils sont venus d'Europe, aux portes de l'enfer, L'homme y était barbare et il avait la rage, Leur ciel était de plomb et la terre de fer.
La guerre étant finie, sans même une valise, Ils ont repris la route avec en eux l'espoir ; Plus qu'un seul horizon, loin la Terre Promise, Celle qu'ils ont priée matin, midi et soir.
Avant eux des pionniers avaient vaincu les sables, Asséché les marais et fait jaillir de l'eau Et, sur la terre aride, ont poussé des érables ; Eux n'avaient seulement que leurs os sous la peau.
Ils espéraient enfin sortir de la misère, Respirer le repos, aspiraient à la paix, Mais ils y ont trouvé des voisins peints en guerre, Ismaël leur criant, à son tour : "Je vous hais".
Vous n'avez de pitié et leur jetez la pierre ; Vous devriez savoir que l'hospitalité Qualifiait Abraham ! Vous le voulez pour "Père" ? Il vous aurait fallu leur tendre un verre à thé.
Mais, sans jamais faillir, ils ont levé leur manche Et là on pouvait lire, en leur bras tatoué, Que sur la bête immonde ils prenaient leur revanche En redonnant la vie au pays désolé.
11 Juin 2006
Texte retraçant l'arrivée des survivants de la Shoah en Israël.