Un jour vous vieillirez et viendront les ridelles, Votre beauté d'alors contée sur les margelles Sera une autre histoire, aura un autre éveil, Votre voix éraillée guettera le sommeil.
Comblée par le passé, lorsque vous serez lasse, Vous foulerez les prés de tout le temps qui passe, Vos souvenirs parfois vont vous faire défauts, Vous mêlerez en vain le vrai avec le faux.
Vous aurez, j'en suis sûr nombreuse descendance Mais ils ne viendront plus en votre décadence ; L'aïeule décatie et qu'afflige le soir, Les enfants d'aujourd'hui ne viennent plus les voir.
Quand, tout autour de vous, vous verrez que l'on plombe Une à une la dalle d'êtres couchés en tombe, Vous ne compterez plus vos adieux ni pleurs, Vous n'irez même plus leur apporter vos fleurs.
Sans plus de compagnon lorsque vous serez seule, Vous attendrez la nuit quand vous brise la meule Qui, petit à petit, broie vos os de douleur, Vous vivante aujourd'hui et qui déjà se meurt.