Rêve
A jamais comme un rêve…
Il y a comme mille ans,
Un soir, Un baiser,
Le destin.
Une flamme,
Une idylle,
Quel enchantement !
Rocambolesque romance,
De jours en nuits,
De fugues,
D’encensement.
De désirs,
En plaisirs,
En souffrance,
En déchirure !
Et le rêve s’emballe.
Et les amants s’envolent
Et traversent le temps.
Ni l’espace ne les contient,
Ni les mœurs,
Ni les règles,
Ni le temps.
Et le rêve s’arrange
Pour être toujours présent,
Quand l’espace se dilate
Et le temps se suspend.
Quand la migration s’accomplit
Vers meilleurs horizons.
Quand la liberté devient nôtre.
Quand la vie se colore
De notre humeur
Et entonne nôtre chant.
Qu’il est beau d’être libre !
Qu’il est vrai le chagrin
De quitter de plein gré,
L’étreinte soudain froide,
D’un amour en déclin !
Qu’il est temps que le rêve
Se consomme en chagrin !
On se quitte, On se sépare,
Sur un oui, sur un non.
Une nouvelle vie s’enclenche.
Qui avance, qui recule.
Du nouveau pour chacun.
Et quand au fond de l’âme,
Nous pince encore,
La nostalgie pour l’amant,
L’on s’ignore et s’oublie,
Par faiblesse ou dédain.
Se consomment alors
Années, santé
Et chagrin.
Et de nos amours,
Qu’il est beau qu’on s’en souvienne,
Quand on est déjà Au loin.
Seules les vraies idylles survivent
A l’usure du temps,
A l’amplitude de l’espace,
Aux morsures de l’âme,
Aux déchirures,
Au chagrin.
A jamais comme dans un rêve,
Resurgit le destin
Après dix, Vingt ou Cent ans,
Quand nos embarcations ancrées
Dans leurs sillages profonds
Se destinent sans fin,
A des rivages avoués,
A des terres occultes,
Où il fait bon mourir,
Où l’amour se défend.
Dix, Vingt ou Cent ans et
Surgit de ses cendres
L’amour en démon.
La nostalgie de l’Eden,
A l’étreinte du perdu Se confond.
On n’est plus que soupirs,
Qu’étincelles,
Que remords,
Que délire.
On s’élance à la quête
D’un remake,
D’un rachat,
D’une réhabilitation.
Nos entrailles palpitent.
Notre âme s’enivre
Et s’arrache au présent.
Qu’hélas que ces boulets
Nous clouent
A dix, Vingt ou Cent ans.
Qu’hélas qu’on ne puisse
Quoi qu’on fasse,
Quoi qu’on rêvasse,
Qu’épouser les sillons
D’un passé vivace.
Quoi qu’on en dise,
Quoique passent les ans.
A jamais comme pour un rêve
Le réveil est traitre,
Le réel est béton.
L’on ne peut se soustraire
Au cru présent.
Et quand se défilent devant
Forêts, cascades
Et paysages mirobolants
Le paradis semble nous fuir
Comme jadis,
Notre amour.
Et, aujourd’hui,
Notre destin.