Le h en est muet quand je voudrais l'hurler Jusqu'à ce que l'écho se rappelle ma voix Le h en est muet j'ai dû trop l'aspirer A force d'essouffler des comètes de soie
Pourtant j'ai libéré les lettres de leur cage Et la montagne au moins se rappelle ma voix Pourtant j'ai libéré le feu sur chaque page Mais il ne reste rien des comètes de soie
Le vide est le vélin sur lequel j'ai écrit J'ai su l'ensemencer dans un lacet de phrases Et chaque goutte d'encre et chaque idée depuis Batifole au hasard dans un lacet de phrases
Et chaque goutte d'encre imbibe le treillis Volant de maille en maille ailes gonflées d'extase Le vide est le vélin mais je le sais qui vit Sa texture palpite ailes gonflées d'extase
C'est un calque en relief sculpté recto-verso La vallée devient col pour qui tourne la page C'est un calque en relief chaque sens chaque mot Contient son négatif et l'eau est un rivage
Parfois la brise émue fait tinter les cigales Le panier en osier louvoie comme un serpent Le mistral est rageur le drapeau claque au vent Girouette emportée de rafale en rafale
Le tout part en fumée quand tombe sur l'enclume Surchauffée la vapeur des trombes d'eau transies Si c'est pour être sobre autant ranger la plume Que l'épée soit trempée par l'écume en furie
La muse aime la mer le ressac le tumulte Et sait ressusciter les cendres des chevaux L'ivresse de l'air frais sur sa peau qui exulte Fera bientôt revivre un nouvel écheveau
Parfois sur le filet les cheveux des étoiles Déposent doucement de ces tresses bouclées Si fines que le fil paraît soudain grossier Et qu'il faut invoquer les fées du carnaval
Pour arriver à rendre un zeste de beauté A l'éclat qu'on retient dans une lampe à huile Gloire à la perspective au trompe-l'oeil fertile Car ils sont la racine où l'astre peut germer
Si la lettre est éteinte elle n'attend qu'une âme Pour redorer ses feux tout vibrant de mystère Le son est un joyau un vivant hologramme Tapis dans la pénombre et guettant la lumière
L'étincelle c'est toi dont le coeur est ouvert Toi dont la voix sensible allume des soleils Toi qui voit rougeoyer à travers la poussière Le pétale assoupi d'une rose vermeille