Il leur aura fallu l'éternité d'un songe Apprivoiser du coeur de tendres lendemains Sous les neiges en fleurs des boutons d'eau de rose D'un nuage élogieux le joyau souverain
Un aveu cristallin vers la jeune lumière Glissé dans un feuillage arrosé de reflets Un mot doux mais sans tain parsemé de mystères Allongé frissonnant dans la baie des secrets
Il leur aura fallu dans leurs yeux diaphanes Un zeste de ciel bleu pour se perdre en chemin Et si peu, presque rien, à peine un filigrane Juste assez d'allusions pour se tendre la main
Et quand l'astre argenté nous dévoile ses charmes À la source où ruisselle une ardente blessure Pourrait-on rêver mieux comme ultime refuge Pourrait-on rêver mieux qu'un feuillage de larmes ?
Car la pluie crépitante embrase le silence Depuis que l'arbre-monde a semé l'oiseau-lyre Le phénix musicien le gardien des nuances Aux abords des confins du royaume invisible
C'est la magie de l'onde exaltée par les druides Un vertige enchanteur se révèle à nos sens On discerne des fées les nuisettes liquides Dénudées par l'averse et les ombres qui dansent
Troublées par le rideau de l'élixir céleste Les nymphes délurées exhibent leurs corps fluides L'ondine intimidée se déhanche en souplesse Le jeune papillon oublie la chrysalide
Car la pluie crépitante est une ombre qui danse Une voile agitée par la force d'un rire Un murmure éternel d'où jaillit le silence Et qui vibre sans cesse et sans cesse se brise
Il leur aura fallu l'éternité d'un songe Pour libérer la nuit des sangles du matin Un automne de fleurs, un hiver d'eau de rose Sous les neiges en feu apaiser leur chagrin
Il leur aura fallu dans leurs voix diaphanes La douceur enchantée des flûtes de satin Et si peu, presque rien, à peine un filigrane Le langage muet d'un passé sibyllin
Et quand l'astre transi se réchauffe en décembre À la source où succombe une ardente blessure Pourrait-on rêver mieux comme ultime lecture Que le livre infini de tes lèvres qui tremblent ?