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Chris CALLUY

Carte Blanche

Glisse au fond du brouillard et sans te retourner
Sur le champs d'un carnage où le sang fait convoi
Des échines tordues quand tenailles des faits
S'emploient à découvert, à replier les droits...

Glisse un fil de secours aux cœurs écœurés
Calmant ça des malheurs d'un remède poison
Usé d'avoir percé et d’ enfin libérer
Des douleurs pour bandages qui soignent à foison

Glisse au fond de mes nuits où les corps sont sacrés
Que le feu qui crépite en léchant sur les croix
Les clous des avenirs enfoncés pour rouiller
Des limailles en tête, en prise de tout choix...

Glisse là dans la ronde qu’inonde bon verglas
Gangrenant toutes paumes d’un gel affamé
Colorant des talons s’offrant en bon repas
Des canines affutés exigeant d’inciser

Glisse un pied dans l'abîme en mon for intérieur
Sinistré dans l'hiver où le froid se durcit
Piège entre ses cristaux ces mains dans la douleur
D'insensibilité, gantées d'hypothermie...

Glisse Donc un espoir dans mon cœur grenadier
Désirant partager du soufre ses hosties
Balancé aux combats des soldats retranchés
Implorant simplement qu’on largue sa goupille

Glisse un pied dans ma course au delà des mouroirs
Où les lits sont pliés au carré des survies
Pour passer la pilule amnésique aux tiroirs
En baillant des chevets, lustrés sous les non-dits...

Glisse un grand déshonneur aux discours prononcés
Qui glacent ici et là en de longs récitals
L’engrenage à penser dont aucun n’est rouillé
Venant de s'arrêter, emprunts des collégiales

Glisse au loin de ce monde où l'on trinque à plus soif
D'un verre un peu amer au doigt de chloroforme
D'un breuvage insipide en tournée qui décoiffe
Quelques bouchons de liège, emportant des réformes...

Glisse un trait de luxure en dedans de l'étau
En guise de monnaie frappé de l'amertume
Premier de la fortune des vices capitaux
Monnayant les regrets aux reines des lacunes

Glisse au loin des abris aux vertus somnifères
Dissolvant sur les murs d'un verni suranné
Les couches épaissies de teintes singulières
Traitant d'indifférence, un havre de damnés...

Glisse aux fin-fond des gorges les liqueurs du confort
Des vins terreux gouteux aux saveurs d'épines
Tant le fond des bouteilles ou dort la mandragore
S'enivrer de sa lie que l'instant s'envenime